Le bac en poche, et après ?

Vers où s’envolent les nouveaux bacheliers après une scolarité au Lycée français de Turin ? Vivien Douine, professeur de mathématiques s’intéressant de près à l’orientation des élèves, a mené l’enquête. Analyse et premier bilan, voici le premier volet d’une recherche consacrée à ceux qui viennent d’obtenir leur diplôme de fin d’études secondaires. Et une constatation : l’orientation ne s’improvise pas…

Cela a été évoqué dans l’article consacré aux résultats du Baccalauréat au lycée Jean Giono : sur une affiche placardée sur un mur de l’école, on pouvait lire « le destin bat les cartes, c’est nous qui les jouons ». Cette phrase écrite par un élève de seconde préparant le bal des Lycéens sur le thème du film Casino Royale a certainement pris un sens bien particulier dans la tête de tous nos élèves de terminale à peine élevés au rang de « bacheliers ».

Le Baccalauréat d’accord, mais après ?

En effet, quelques jours après l’annonce des résultats, ces mêmes élèves devaient, d’un clic de souris, confirmer par un « oui définitif » la proposition d’admission qui leur était faite dans le cadre de la procédure Admission Post Bac, APB pour les initiés. Plus de la moitié de la classe était impliquée dans cette procédure informatique qui demande au candidat de saisir puis classer ses vœux, de rentrer ses notes, de préciser sa motivation afin de trouver sa place dans le système universitaire français. Les autres ont construit leur orientation sur des projets différents, souvent conditionnés par la préparation et la réussite à des tests d’entrée, comme pour le Politecnico di Torino, l’université italienne de médecine, les campus délocalisés de Sciences Po Paris ou encore les écoles d’ingénieurs recrutant directement après le bac, parfois centrés sur la découverte d’autres systèmes éducatifs comme la poursuite d’étude en Angleterre, en Belgique, en Espagne…

France, Italie, Angleterre, Espagne, Belgique : des élèves qui font l’Europe

Pour y voir plus clair, voici par série et par nationalité la liste exhaustive des orientations des 26 bacheliers du Lycée français à la rentrée prochaine. En série ES il y avait 12 élèves : 7 Italiens, 5 Français. Parmi les sept Italiens, deux iront en France (prépa ENS Cachan D2 au Lycée Juliette Récamier à Lyon, études de psychologie à l’Université Lumière à Lyon également), quatre resteront en Italie (études de commerce à l’Università Bocconi di Milano, ingénierie de la production industrielle au Politecnico di Torino, études en sciences économiques à l’Università degli studi di Torino) et une élève intègrera la Bristol University en Angleterre. Parmi les 5 Français, deux iront en France (STAPS à l’Université Paul Sabatier de Toulouse, Sciences Po Bordeaux pour un cursus jumelé avec l’Université de Turin), un restera en Italie (études en ostéopathie), et deux iront en Espagne (Barcelona College of Chiropractic, Madrid IE University).

En série S il y avait 14 élèves : 4 Français, 10 Italiens. Parmi les quatre Français, un ira en Espagne (Madrid IE University) et trois iront en France (PACES à l’Université Claude Bernard à Lyon, ESEO à Paris Saint Cloud : une école d’ingénieur avec système de prépa intégrée, Institut Polytechnique LaSalle Beauvais : une école d’ingénieur en géologie et environnement). Parmi les dix Italiens, quatre iront en France (Université en Ile de France pour une PACES, Université Claude Bernard à Lyon pour des études de physique, campus délocalisés de Sciences Po à Menton et à Reims), quatre resteront à Turin (Politecnico di Torino, Università Bocconi di Milano) et deux partiront en Belgique (Université de droit international à Bruxelles, Université de médecine à Liège).

L’orientation, aboutissement d’un parcours préparé dès le Collège

En lisant cette liste, on se rend compte de la multiplicité des choix qui s’offrent à nos élèves en termes d’orientation après le baccalauréat. Les dernières années ont vu ces choix se multiplier et trouver sa place dans le système universitaire est devenu une vraie compétence, travaillée par les élèves à travers la connaissance de soi dans les classes du Collège et la connaissance des métiers et des formations durant les années Lycée. C’est donc un long parcours qui, au surlendemain des résultats du Baccalauréat, permet à tous nos élèves de répondre, sans trembler, un « oui définitif » à l’affectation de leurs rêves ou plus modestement à celle qui leur plaît… Dans un coin de leur tête résonnera tout l’été : « le destin a battu les cartes, désormais c’est à moi de jouer ». Bon vent !