Bac 2019 100% de reçus 100% de mentions

Mercredi 26 juin 2019 avait lieu dans la cour de récréation du Lycée français Jean Giono la cinquième édition de la « cérémonie de remise des diplômes ». Autour des 23 élèves de la classe de terminale, tous promus au rang de bacheliers, s’étaient réunis parents, professeurs, camarades lycéens, anciens élèves, ex institutrices et aides maternelle mais aussi l’équipe de la vie scolaire, la direction du Lycée, les membres du conseil de gestion et plusieurs représentants de la communauté française à Turin. Le Consul Général de France à Milan nous honorait de sa présence en la personne de M. Cyrille Rogeau adressant ses sincères félicitations et trois conseils avisés à nos élèves : soyez libres, soyez responsables, soyez solidaires. M. Emanuele Chieli, Consul Honoraire de France à Turin était également présent aux côtés de M. Patrice Lecuit, Proviseur du Lycée. Nous fêtions tous ensemble une réussite parfaite, 100% de reçus et 100% de mentions : 6 mentions assez bien, 7 mentions bien et 10 mentions très bien. Pour saluer dignement ces 23 partants, dont une grande partie d’entre eux avait suivi l’intégralité du parcours de 15 ans sur les bancs de notre école, Vivien Douine professeur principal de la classe de terminale épaulé par les membres du CVL (conseil de vie lycéenne) travaillaient, cette année encore, sous contrainte : associer à chaque élève prenant son envol, un arbre aux racines bien plantées dans l’enceinte ou aux abords du Lycée Jean Giono : l’école qui plantait des arbres

Je commencerais par une question : comment rendre heureux un mathématicien ? Et donnerais immédiatement la réponse : lui demander de travailler sous contraintes. C’est certainement pour cela que pour la troisième année consécutive, nous construisons la cérémonie de remise des diplômes en fixant un thème, sans même le choisir puisque nous le piochons en page de garde de l’annuaire de l’année scolaire, appelé Yearbook. Il y a trois ans celui-ci arborait fièrement les émoticônes imaginés et dessinés par nos collégiens. La contrainte était : un bachelier fraichement diplômé = un émoticône. Il y a deux ans il mettait en première page les photos prises par nos élèves de l’eau dans tous ses états. La contrainte devenait : un bachelier à peine diplômé = une photo. Cette année, le yearbook arbore fièrement le projet qui a traversé l’école de bas en haut, de long en large et en travers pendant toute une année : Giono écolo. La contrainte devient : un bachelier à peine couronné = un arbre. Et pas n’importe lequel !

Dans le but d’aider nos regards à sortir de l’échelle du monde, toujours plus accessible à l’aide de nos multiples appareils connectés, et de les forcer à appréhender l’échelle du quartier, que nous oublions trop souvent de considérer et d’apprécier, nous avons choisi les arbres qui nous entourent dans un rayon de moins de 100 mètres. Pour ne pas vous perdre, nous fournissons une carte. Chacun des arbres que nous allons successivement appeler y sont précisément positionnés et savamment dénommés. Nous devons ce travail de fourmi à M Delclos et à ses élèves de sixième qui, dans le cadre d’un projet de classe, répertorie et identifie tout ce qui prend racine dans l’enceinte et aux abords de notre belle école. Voilà donc clairement expliquée, la contrainte choisie cette année, qu’en bon professeur face à un auditoire encore un peu distrait, je vais synthétiser : associer à chaque élève qui ce soir prend son envol, un arbre qui lui restera, les racines bien plantées au Lycée Jean Giono : l’école qui plantait des arbres

Première photo. Un rameau de laurier. Incontournable pour commencer cette cérémonie. En effet, si du temps des Grecs et des Romains l’usage était établi de couronner de laurier les poètes et les vainqueurs, au Moyen Age, on couronnait de laurier les savants distingués dans les universités. Dans celles de médecine, la couronne dont on entourait la tête les jeunes « docteurs » était faite de rameaux feuillés de laurier avec des baies. D’où le nom « baccalauréat » (bacca : baie, laurea : laurier). Un baccalauréat que Francesco Antonetto, troisième et dernier du nom, vient de brillamment décrocher !
Deuxième photo. Une branche de mûrier. Cet arbuste est cultivé pour ses fruits (les mûres) ou pour ses feuilles, qui servent, on le voit, de nourriture aux vers à soie. Logiquement appelés Bombyx mori. C’est au stade de chenille qu’il produit la précieuse fibre sécrétée en une bave abondante qui, en durcissant, se transforme en un fil unique de soie brute avec lequel la chenille se fabrique un cocon. Ce fil mesure entre 800 et 1500 mètres de long. Cocon dont peut sortir enfin Sofia Bonnin, déployer ses ailes frêles de papillon, et, le bac en poche, prendre son envol ! Bon vent !
Troisième photo. Reconnaissable entre mille, il s’agit du cerisier. Ce nom vernaculaire désigne plusieurs espèces d’arbres du genre Prunus de la famille des Rosaceae. Définition élémentaire pour nos bacheliers… Wikipedia (je cite mes sources) précise ensuite que c’est un arbre fruitier qui donne des cerises. Là franchement, on s’en serait douté… Quelques lignes plus loin on lit que le terme dérive de la ville grecque antique de Kerasos. Intéressant… L’important reste qu’en fleur, cet arbre est unique et resplendissant… Tout comme l’est aujourd’hui Elisa Breyne !
Quatrième photo. Wikipedia nous l’a appris : le cerisier donne des cerises ! Ce qu’il ne nous explique pas, c’est pourquoi les cerises vont souvent par deux, parfois par trois, voire par grappes… C’est à cause du corymbe. Le corymbe est une inflorescence dans laquelle l’ensemble des fleurs est dans le même plan et leurs pédoncules insérés sur la tige de manière étagée : en quelque sorte une grappe aplatie. Qui finit, lorsque la fleur est devenue fruit, à cheval sur nos oreilles… Et si les cerises vont par deux, les sœurs Breyne aussi ! Alors, pour faire la paire, j’appelle Marie !
Cinquième photo. Non ce n’est pas un cerisier. C’est un poirier commun (Pyrus communis), arbre fruitier de la famille des Rosaceae (d’où la ressemblance) cultivé pour son fruit, la poire (et là, on s’éloigne quand même un peu de la cerise). C’est un arbre au tronc noirâtre, torsadé et dont les feuilles se parent en automne de couleurs feu. Peut-être est-ce à cela que le poirier doit son nom « pyrus », un terme grec qui signifie « feu »… Passant par mille couleurs et mille états d’âmes cet automne, cet hiver, ce printemps et en ces premiers jours d’été, elle sort vainqueur de cette épreuve du feu qu’est le baccalauréat. A chaudes larmes, hier encore, elle éteignait l’incendie : j’appelle Sophie Caveri !
Sixième photo. Le naturaliste J. Macquart cite parmi les arbres qui l’ont le plus impressionné deux ormes remarquables près de Genève, en Suisse : « En parcourant la rive septentrionale du lac jusqu’à Villeneuve, j’ai vu dans une riante prairie près de la jolie petite ville de Morges deux Ormes aux dimensions colossales. Chacun d’eux avait à la sortie du sol 17 mètres de circonférence, et sa couronne était d’une très-grande étendue. Dès 1541, ces Ormes étaient d’une grosseur remarquable. » C’est Pietro Davi, en partance pour Lausanne, que nous mandatons pour aller vérifier !
Septième photo. Le troène est un arbuste ou petit arbre de la famille des Oleaceae. Ses fleurs, de couleur blanc-crème, à pétales soudés apparaissent en été et dégagent un parfum entêtant, à base de triméthylamine. « La flamme séduisante à la vive étincelle, / Le troène des champs avec ses blanches fleurs, / Aux suaves odeurs, C’est elle ! L’hirondelle qui vole au devant du printemps, / Le chevreau qui s’attache au troène des champs, / Attiré par sa fleur si belle ; / Le papillon qui sans effroi / Au flambeau va brûler son aile, / C’est moi ! » Voilà comment en parle Felix Bovet, professeur de littérature française à l’université de Neuchâtel. Université que s’apprête à rejoindre Celeste D’Ettorre !
Huitième photo. Peu de doutes. On ne peut se tromper. Pour parler du saule, arbre de la famille des Salicaceae, suivons la plume d’Alfred de Musset qui, dans le poème Lucie écrivait : « J’aime son feuillage éploré / La pâleur m’en est douce et chère / Et son ombre sera légère / À la terre où je dormirai ». Mais que ces quelques vers, rendant hommage à un arbre que l’on qualifie de « pleureur » ne nous attristent pas ! C’est de la double caractéristique de son bois dont je veux parler maintenant : flexible et résistant. Deux atouts que Léonore Doyard a toujours su et saura toujours mettre en avant !
Neuvième photo. Ficus Carica, arbre fruitier de la famille des Moraceae qui donne des fruits comestibles appelés figues. L’histoire de la figue commence en Asie Mineure d’où elle est originaire (la Carie). Elle se répandit rapidement dans le pourtour méditerranéen et était prisée tant des Romains que des Phéniciens. Les Corinthiens, eux, l’appréciaient pour autre chose ! Ils avaient pris l’habitude de glisser ce fruit très bon marché dans les fameux raisins qu’ils exportaient vers Venise. C’est de cette ruse historique que naquit l’expression « mi-figue, mi-raisin » ! Fruit méditerranéen par excellence, la figue compte aujourd’hui plus de 700 variétés produites principalement au Maroc, en Algérie, en Italie, en Grèce, en Turquie et même en Californie… Euh, attendez… en tête de liste, j’ai entendu Maroc ? J’appelle immédiatement Adnan Drhourhi !
Dixième photo. Les bouleaux font partie de la famille des Betulaceae. Le bouleau est très connu pour son écorce blanche, lisse et brillante, ses petites feuilles colorées de teintes vert clair au printemps et jaune à l’automne. Sa couleur blanche est due à la bétuline, son principal constituant. On attribue à sa sève, ainsi qu’à son écorce, de nombreuses propriétés médicinales, diurétiques mais aussi fébrifuges. J’imagine d’ailleurs avec malice la prochaine campagne publicitaire d’un médicament à base de bétuline : « Mal de tête à cause du boulot ? Un seul remède, se remettre au bouleau ! ». D’ailleurs, si je voulais être taquin, j’appellerais, pour savoir ce qu’il en pense, Patrick Gasselin 😉
Pour parler de la onzième photo, je voudrais vous lire l’extrait d’une lettre que Georges Pompidou, Président de la République Française écrivait à Jacques Chaban Delmas, Premier ministre le 17 juillet 1970. « Il ressort que l’abattage des platanes le long des routes deviendra systématique sous prétexte de sécurité. Il est à noter par contre que l’on n’envisage qu’avec beaucoup de prudence et à titre de simple étude, le déplacement des poteaux électriques ou télégraphiques. C’est que là, il y a des administrations pour se défendre. Les arbres, eux, n’ont, semble-t-il, d’autres défenseurs que moi-même et il apparaît que cela ne compte pas. » Anna Giordano nous a rejoint cette année, a choisi la France et le système français pour étudier. Elle empruntera certainement dans les prochaines années nos routes bordées de platanes pour se déplacer !
Douzième photo. Le noyer appartient à la famille des Juglandaceae. Son fruit est la noix. Et qui dit noix, dit automatiquement noix de Grenoble. C’est d’ailleurs l’une des premières AOC (appellation d’origine contrôlée) fruitière reconnues : l’appellation est née par le décret loi du 17 juin 1938. Ce fruit à coque est un trésor de santé attribué au cuivre, au magnésium, au phosphore, au zinc, au fer et au potassium qu’il contient, ainsi qu’une réserve inépuisable d’énergie. Juste de l’autre côté des Alpes, Edoardo Manenti trouvera donc de quoi survivre : entre deux passages du tunnel pour retrouver Turin, ses copains et les siens, il étudiera le commerce et mangera des noix !
Treizième photo. Les peupliers sont des arbres de la famille des Salicaceae. « Mon père aimait les chênes / Ma mère les sorbiers / Moi, j’aimais les fontaines / Et les hauts peupliers. / De ma chambre d’enfant, / Je les voyais jouer / Comme des lévriers / Avec le chat du vent. / Leurs jeux, dans le soleil, / Jetaient sur mon cahier / Des ombres mordorées / Et des morceaux de ciel. / Ce qu’ils devenaient calmes / Lorsque tombait le soir ! / Sur leurs branches étales, / Ils prenaient des étoiles. / Et tout en les berçant, / Me berçais si longtemps / Qu’à mon tour, en rêvant, / Je me voyais, jouant, / Etoile dans le vent. » Maurice Carême. Combien de peupliers Andrea Matera comme Maurice jadis a-t-il vu danser cette année sur ses cahiers ?
Quatorzième photo. Lorsque nous écoutons le son d’un violon ou d’une guitare, ce ne sont pas les vibrations de la corde que nous entendons, mais celles de la table d’harmonie, transmises à l’air comme le fait la peau d’un tambour. A ce jour, aucun autre bois ni produit synthétique n’a pu rivaliser avec l’épicéa dans la construction d’instruments de qualité. L’épicéa «donne le ton» non seulement avec le violon, mais aussi avec d’autres instruments à cordes frottées, pincées ou frappées : pianos droits et à queue, altos, violoncelles et contrebasse, clavecin, ou encore guitares, cithares, harpes et cymbalum. On se rend bien compte que la forêt et ses arbres est de loin la principale source de matières premières pour la musique ! Et ce n’est pas Andrea Mellano, musicien émérite, qui viendra nous contredire !
Quinzième photo. Le prunier est un arbre fruitier de la famille des Rosaceae. Il est cultivé pour ses fruits, les prunes. Mais pour en parler écoutons Paul Bergèse, instituteur et poète. « Sous le prunier chargé des fruits d’or du soleil / le jeune enfant s’est accroupi / pour s’emparer des taches de lumière. / Et le grand-père, près de lui, à voix basse lui dit / l’homme et la liberté / l’arbre et le papillon / le vent, la pluie / et les chansons, / toute la vie dans le verger. / Puis ils cueillent un fruit, en dégustent la chair / et plantent le noyau. » Carlotta Milone, après de longues hésitations, aussi bien sur le contenu que sur la destination a finalement pris sa décision. Elle plante le noyau et met le cap sur Maastricht !
Seizième photo. Le plaqueminier est un arbre de la famille des Ebenaceae, originaire de Chine, principalement cultivé pour son fruit, le kaki. Le terme kaki a été emprunté au japonais. Plaquemine vient lui de l’algonquin (dialecte parlé par le peuple algonquin du Québec et de l’Ontario). Le bois est très dur et rappelle celui de l’ébène, qui appartient au même genre botanique. C’est à l’automne que le plaqueminier donne les somptueux kakis, anciennement appelés « figues caques », qui sont des fruits juteux au goût tendrement sucré et de couleur rouge-orangé. C’est à l’automne aussi que nous quittera Arianna, elle rejoindra Genève ! Pour combler le vide qu’elle laissera nous mangerons des kakis…
Dix-septième photo. Le chêne est un arbre de la famille des Fagaceae. Nom dérivé du latin Quercus donnant « la quercia » en italien. Il est, dans l’imaginaire collectif, l’arbre par excellence et prenait vie en ces mots sous la plume d’Anatole France. « Dans la tiède forêt que baigne un jour vermeil, / Le grand chêne noueux, le père de la race, / Penche sur le coteau sa rugueuse cuirasse / Et, solitaire aïeul, se réchauffe au soleil. / Du fumier de ses fils étouffés sous son ombre, / Robuste, il a nourri ses siècles florissants, / Fait bouillonner la sève en ses membres puissants, / Et respiré le ciel avec sa tête sombre. » Nous dédions ces quelques vers à Daphné Parola à qui nous souhaitons pour les prochaines années le courage, la prestance et la force du chêne ainsi que son incroyable longévité, atout indispensable pour affronter des études de santé !
Dix-huitième photo. Le ginkgo biloba est l’unique représentant de la famille des Ginkgoaceae. La forme curieuse de ses feuilles, dont on ne sait si ce sont deux feuilles jointes, ou une seule feuille qui se divise en deux parties distinctes, se fait figure de l’un et du multiple. Elle inspira Goethe qui en parlait ainsi : « La feuille de cet arbre, que l’Orient / À mon jardin a confié, / Donne à goûter un sens secret / Qui charme l’initié. / Est-ce un être vivant, / Qui en lui-même se sépare ? / Sont-ils deux qui si bien se cherchent / Qu’on les croit ne faire qu’un ? » Cette feuille est aussi l’emblème de la ville de Tokyo. Le lien avec Possenti Marco ? Tout simplement les arts martiaux. En effet derrière son côté calme et posé se cache l’athlète minutieusement préparé, capable de maîtriser et d’envoyer au tapis l’adversité !
Dix-neuvième photo. L’érable sycomore appartient à la famille des Aceraceae. Il est lui aussi planté comme arbre d’alignement le long des routes. Je ne résiste pas à l’envie de revenir sur la polémique qui opposait il y a bientôt 50 ans le Président à son Premier Ministre en vous lisant le dernier paragraphe de sa délicieuse missive : « La vie moderne dans son cadre de béton, de bitume et de néon créera de plus en plus chez tous un besoin d’évasion, de nature et de beauté. L’autoroute sera utilisée pour les transports qui n’ont d’autre objet que la rapidité. La route, elle, doit redevenir pour l’automobiliste de la fin du vingtième siècle ce qu’était le chemin pour le piéton ou le cavalier : un itinéraire que l’on emprunte sans se hâter, en en profitant pour voir la France. Que l’on se garde donc de détruire systématiquement ce qui en fait la beauté ! ». Leo Romano qui met le cap sur Nice choisira-t-il une départementale fraichement ombragée ou l’autoroute du soleil tristement décimée ?
Vingtième photo. L’érable negundo appartient à la famille des Aceraceae. En automne, les enfants adorent jeter en l’air des samares d’érables mûres et les regarder tomber telles des hélicoptères. La samare décrit une trajectoire descendante selon une hélice étroite en tire-bouchon tout en tournant sur elle-même dans une position à demi-penchée, la graine en bas et l’aile inclinée vers le haut, sur le côté. La pointe de l’aile décrit ainsi à chaque tour sur elle-même un cône largement ouvert par rapport à l’axe vertical selon un angle d’environ 80°. L’axe de l’hélice se situe autour du centre de gravité de la samare, là où se trouve la graine. Les spécialistes de l’aéronautique comparent un tel dispositif à un autogire. C’est en tombant comme une samare sur le tatami du gymnase que Nicola Simonato nous a fait la plus grande peur du mois de mai. Pour la plus grande joie de tous, son coude réparé, il nous quitte bien diplômé !
Vingt et unième photo. Le cèdre. « Je suis le cèdre ancêtre du jardin / Mes branches sont basses et fortes / Vos enfants d’homme j’y porte / Car mes racines se nourrissent de cette terre de demain / Je regarde le monde d’un regard sans âge / Malgré mes blessures j’aime la vie / Ma forme accueillante, mes branches sages / Favorisent la proximité, la simplicité d’ici. » Ces quelques vers ne sont pas signés mais rendent un bel hommage à cet arbre majestueux de la famille des Pinaceae. Nous attribuons le cèdre à Vittorio devenu lui aussi au fil des années à la fois fort et sage, juste au moment où il s’apprête à nous quitter, quel dommage !
Vingt deuxième photo. Un deuxième cerisier. Cela pouvait arriver. La loi binomiale vient nous le confirmer. En effet, si la proportion de naissances multiples dans une population donnée est de 1 sur 80, c’est-à-dire 1,25%, la probabilité, en réunissant 21 familles prises au hasard dans cette population, de réunir simultanément une paire de jumelles, est égal au produit du nombre de combinaisons de 2 succès parmi 21 multiplié par le produit de la puissance 2 de 0,0125 et de la puissance 19 de 0,9875, ce qui nous donne approximativement 2,58%. Evénement de probabilité faible mais non nulle. Dans la famille Van Geem, j’appelle la première, en ordre alphabétique (et pas forcément d’apparition) Chloé !
Vingt-troisième photo. La nature nous offrant dans l’enceinte même de notre école, la présence de deux cerisiers, le professeur de mathématiques que je suis arbore un petit sourire satisfait puisque, dans la liste d’arbre que M. Delclos et ses élèves de sixième ont apporté, la théorie et les savants calculs précédemment effectués y sont parfaitement illustrés. Sans hésiter, attribuons donc pour la deuxième fois au cours de cette soirée, au fruit du cerisier, j’ai nommé « la cerise », le symbole de la gémellité. Et, à califourchon sur notre deuxième oreille, déposons en équilibre désormais parfait, la deuxième sœur Van Geem. J’ai nommé Margaux !
Nous avons passé en revue nos vingt-trois élèves de la classe, fini d’étudier les propriétés des arbres et arbustes que nous avons décidé de leur associer et cependant, surgit une vingt-quatrième photo. Des palmiers. Un ciel bleu azur. Un soleil que l’on devine chaud. Une question me taraude. Je vous la pose. Vous devez m’aider… Quel est donc ce passager clandestin, lui aussi en quête de vacances après cinq années passées à nos côtés, lui aussi en quête de liberté après tant d’année de bons et loyaux services ? Il est, il nous l’a confié, en saluant cette promotion d’arbres et de bacheliers, aux portes d’une retraite amplement méritée. Nous ne pouvons faire autrement qu’immédiatement l’appeler et lui demander de se trouver une place de choix au milieu de notre chatoyante forêt ! Alors c’est qui ? Le proviseur du Lycée français international Jean Giono de Turin, Monsieur Patrice Lecuit !
Tiens, un autre passager clandestin ! Les tilleuls appartiennent à la famille des Tiliaceae. Sur cette vingt-cinquième et dernière photo, nous en trouvons trois, regroupés et alignés au centre d’une cour d’école. Et pas n’importe laquelle ! Vous la reconnaissez ? Notre école ! L’école qui plantait des arbres… Un laurier, un murier, un poirier, un orme, un troène, un saule, un figuier, un bouleau, un platane, un noyer, un peuplier, un épicéa, un prunier, un plaqueminier, un chêne, un ginkgo, un érable sycomore, un érable negundo, un cèdre, deux cerisiers (pour 4 cerises), des palmiers et trois tilleuls ! Ce deuxième passager clandestin, mieux que quiconque d’entre nous, la connait. En effet, il a pendant quatorze longues années, avec patience, conviction, dévouement et loyauté contribué aussi bien à son développement qu’à sa stabilité ! Ne me dites pas que vous ne savez pas de qui il s’agit puisque c’est aussi autour de lui que ce soir nous sommes tous réunis. J’ai nommé et invite à rejoindre immédiatement la verte et oxygénante assemblée, sous vos applaudissements fournis, Il DOTTORE ANDREA MANENTI !